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Initiale

5 septembre 2006

Estampille le jour

Sous la lumière blafarde de la lune, un rêve puissant qui estampille son jour.

Il est homme de la mer.
Il sait l'océan et la terre impossible.
Elle est femme de la terre.
De cette terre qui borde l'océan.

C'est une clairière.
C'est la moiteur d'un soir de fin d'été.
C'est une source.
Du triangle au sept orifices, sourd l'eau.
C'est une clairière dans la moiteur d'un soir.
C'est le murmure du ruisseau entre les pierres.
Elle et lui.
Là.
Immobiles.
Frémissants.
De leur présence, ils tissent le silence.
De leurs doigts emmêlés, ils tissent la présence.
Elle n'a pas besoin de le regarder.
Elle sait le vert du regard où coule l'infini.
Elle sait ce visage buriné des grands voyageurs.
C'est une source.
Une onde.
Une onde qui les traverse.
Un onde qui allège le ciel.
Et agrandit l'espace.

C'est une source et un ciel.
C'est un soir d'été.
Elle sait la source.
Elle sait sa source.
Au rouge de ses entrailles.
Elle sait l'onde de son ventre et sa fontaine en offrande.
Elle sait des secrets aux blancheurs lactées.

En notre terre, les sources parlent à ceux qui savent entendre.
La source a parlé ce soir.
Quelques bulles dans le bassin utérin.
Pour dire l'homme et l'amour.
Pour dire le roc et les rivages.
Pour dire la pierre dressée au soir des promesses.

Il est homme de la mer.
Elle est femme de la terre.
Ils savent leurs impossibles.

C'est une clairière.
C'est la moiteur d'un soir de fin d'été.
C'est une source.

C'est un rêve qui estampille son jour.

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5 septembre 2006

Merci !

Un grand merci à Chris pour sa générosité et son talent.
Je lui dois à nouveau le look de ce blog.
Je me sens vraiment bien dans ce nouveau décor.
Et si vous voulez apprécier tous les talents de Chris, c'est ici ou

23 août 2006

Le cri

Les myosotis ne sont plus.
La saison est passée.
Pourtant, ce matin, sur le chemin, j'en ai découvert deux.
Égarés hors saison.
Comme nos amours ?
Fascinée j'ai contemplé leur présence.
Fleurs minuscules et si présentes.
Sur le chemin, à l'aube, j'ai vu les éclats du soleil sur l'herbe verte.
Ce matin, j'ai marché.
Comme tous les matins désormais.
Chaque pas est un voyage.
Marcher pas à pas.
Là. Au présent. Habiter le pas.
Seulement habiter le pas.
Et se laisser habiter par lui.
Seule.
Et dans l'espace rassurant du pas, retrouver le cri.

Il y a le cri.
Et l'absence qui lui répond.
Et la désolation d'alors.

Il y a la lande aussi.
La lande de bruyère et d'ajonc.
La lande de désolation.
Où j'ai posé mon pas.
Où je suis allée me blottir.
Pour recueillir le cri.
Pour le retourner.

Le cri m'appelle désormais.

21 août 2006

Alors, le soleil s'est levé

Notre Mère et Père qui êtes partout,
[...]
Gardez nous dans votre Élan.
Joyeux, aimants, inventifs :
Pour donner du pain à ceux qui ont faim
Et donner vraiment faim à ceux qui ont du pain
Claude Testard

J'ai douté. J'ai pensé qu'il était bien trop tôt pour partir. J'ai pourtant obéi à son appel sans lui faire part de mon agacement. Et dans la nuit, j'ai roulé vers elle. Retraversant en voiture les landes que j'avais foulé la veille.
Ces landes oubliées des hommes.
Ces landes, comme un désert abrupt ou siffle le silence du vent.
Ces landes aux pierres bleu-noir.

Ces landes de bruyères et d'ajoncs qui disent si bien ma désolation et mon chagrin.
Qui disent si bien ma tristesse et ma nostalgie.
Oui, ma nostalgie. Ce regret du pays natal. Du lieu d'origine. De ce que j'aurais voulu qu'il soit et qu'il n'est pas.
Dans la nuit, dans ma nuit, j'ai retraversé les landes de bruyères et d'ajoncs.
Et je suis arrivée dépouillée de mon agacement et de mes certitudes.
Je suis arrivée pour être là auprès d'elle. Puisqu'elle m'appelait.
Je suis arrivée et il y a eu cette étonnante accélération. Une accélération paisible, sereine. Presque sans douleur.
Et dans la pénombre de la maison, seulement éclairée de quelques bougies, la petite fille est née.
Alors, le soleil s'est levé.

Émerveillement.

Émerveillement d'autant plus fort que j'avais douté. Oui, les femmes "savent" mieux que quiconque ce dont elles ont besoin pour mettre au monde. J'ai juste à écouter, entendre, accompagner et puis ..... m'émerveiller ! J'ai juste à faire confiance.

Ce matin, à l'aube, une petite fille est née.
En plein midi, j'ai retraversé la bruyère et l'ajonc.
Au fond de ma poche, une pierre bleue.

20 août 2006

Une femme, une terre, un souffle...

Ici, j'avais sous-titré "Chemins d'errance..."
Le sol se dérobait alors sous mes pieds.
L'avenir n'existait plus.
Le présent se dissolvait dans l'hémorragie.
Le passé, habillé de tous ses démons, ressurgissait.
"Chemins d'errance..."
Je n'oublie pas. Les égarements, le chaos trop souvent traversé, les divagations et les impasses.
Je n'oubie pas les colères, les chagrins et l'amertume.
"Chemins d'errance..."
Fuir, partir, vouloir s'extraire de l'innommable et tant de fois s'éveiller hagarde, perdue, vaincue.

Il a fallu traverser.
Aller jusqu'au bout du chemin.
Rester.
User une à une les illusions.
Rester.
Danser avec les démons jusqu'à en perdre la voix.
Rester.
Perdre la voix jusqu'à retrouver le cri.
Et dans le cri, enfin, rompre.

Et maintenant, rester au lieu de rupture.
Vouloir la solitude. Et la vivre. Et l'éprouver. Lui faire face, enfin.
Rester au lieu de rupture et éprouver le vide. Jusqu'à dissoudre l'angoisse.

"Une femme, une terre, un souffle..."

Rien n'a changé de la précarité, des blessures infligées, des incertitudes, de la fragilité.
Rien n'a changé.
Cependant, la terre je la sens à nouveau sous mes pas.
La terre. Ma terre. Celle qui m'a reçu il y a bientôt 30 ans. Celle avec qui je fais corps quand je jardine, quand je marche, quand je danse.
Ma terre, où la culture n'est pas seulement au jardin, mais dans les chants, les danses, le parler. Elle m'a donné des racines et m'a permis tous les voyages. Toutes les errances et tous les retours.
La terre. Ma terre. Immuable et changeante. Faisant fi de toutes les vanités. Elle m'apprend l'éternité. Et dans sa pesanteur me souffle la légèreté.

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17 août 2006

Retour

Il y a un moment pour tout et un temps pour toute chose sous le ciel
[...]
Un temps pour déchirer
et un temps pour coudre ;
un temps pour se taire,
et un temps pour parler.
Qohelet

Retour à l'Initiale.
Au point d'origine.
A la source.
Quelque chose a changé pourtant.
Il y a eu ce long silence.
Après le souffle, le cri ; il a fallu le temps de l'inspir.
Un temps où la parole s'élabore en secret mais ne s'énonce pas.
Un temps où la parole est contenue.
Contenue jusqu'à l'extrême, jusqu'à la paralysie de l'apnée.
Retour à l'Initiale.
A l'origine.
Quelque chose a changé pourtant.
Il a fallu traverser.
Traverser jusqu'à l'épuisement.
Abandonner toute volonté.
Abandonner les illusions.
Même là, à l'Initiale.
Surtout là.
Ne plus s'imaginer une quelconque volonté originelle de vivre. Personnelle ou divine.
N'être plus qu'une chair qui palpite sans raison.
Il a fallu aller plus loin encore.
Éprouver l'abandon premier.
Éprouver la solitude originelle.
Éprouver l'amour absent.
Et pleurer.
Et sangloter.
Il a fallu aller plus loin encore.
Au noir.
On n'en revient pas.
On n'en revient jamais.
Quelque chose continue pourtant.
Un nouveau souffle.
Et la parole, à nouveau, s'énonce.
Un nouveau souffle.
Dans le murmure, le chant, ou dans le cri.

Quelque chose a changé.
Les mains ne veulent plus rien agripper.
Les mains se sont ouvertes.

26 janvier 2006

Va te faire foutre !

Je ne suis jamais à l'aise avec ma hargne. Elle me fait du mal. Et je ne connais qu'une façon de m'en libérer : l'exprimer. Elle s'impose alors et je dois faire face douloureusement. Mais si, dans une vaine fuite, je l'enfouis ; elle vient ravager mon âme et mon corps et ne me lâche pas tant que je ne l'ai pas crachée.

C'est un autre texte que je voulais publier, mais voilà, ce n'est plus possible.

Il y a un oeil ici. Un oeil qui scrute par le petit trou en forme d'ogive. Un oeil voyeur qui ne se mouille pas. Qui ne s'est jamais mouillé sauf de son propre sperme. Il est vrai que le trou je l'ai offert. Cette ouverture à mon intime. Là où c'est tumultueux, chaotique, là où on peut se perdre puisque je m'y perds moi aussi, là où c'est chaud et où j'ai envie d'être aimée, là où c'est humide et fécond, là où c'est mouillé de toutes les larmes trop souvent versées. C'est un drôle d'oeil, on pourrait le croire raccroché à rien ni à personne, puisqu'il ne fait que scruter. Sauf que celui à qui il appartient sait émettre juste ce qu'il faut de signaux pour faire soupçonner sa présence. Eh oui, ils sont comme ça les voyeurs, ils aiment qu'on sache qu'ils regardent. Et ils espèrent secrètement...quoi ?...que ça nous épouvante ?...que ça nous fasse jouir ? En quelque sorte, ils nous disent : "je scrute, mais je ne prends pas le risque d'entrer, je ne prends pas le risque de la relation. Je scrute, mais je ne pénètre pas et je m'en branle de ton intime. Et sans prendre le risque de la relation, je m'arrange quand même pour que tu le saches, que je m'en branle."

Je ne peux pas me voiler la face, j'ai longtemps, trop longtemps toléré cette situation.

Et lorsque je reviens à l'initiale de ce blog, je comprends. "Initiale d'où a jailli ma décision de vivre malgré la volonté de ma mère de m'anéantir." Ce leitmotiv de ma vie qui s'impose constamment. Qui m'oblige à me battre pour exister, puisque j'ai décidé de vivre contre la volonté d'un autre de m'anéantir. Alors, je trouve toujours l'autre qui me dit " je m'en branle".

Aujourd'hui, bas les armes.

Aujourd'hui, la bataille est perdue à tout jamais.

Alors, toi qui scrute va te faire foutre ailleurs.

Et à vous tous qui avez su me lire si chaleureusement et entretenir avec moi une relation réconfortante : MERCI !

Ainsi se termine ce blog.
Aujourd'hui, je veux vivre, simplement vivre.

Alix

12 janvier 2006

Aurore

Je l'ai dit. Je l'ai écrit.
Je suis face à ma parole et je voudrais l'effacer.
"Je vais te faire souffrir autant que j'ai souffert." Je l'ai crié comme une incantation.
"Je n'ai jamais cherché à mettre ma menace à exécution. Et pour être tout à fait honnête moins par bonté que par manque d'intérêt pour la chose, par manque de force et d'opiniatreté." Je l'ai dit en un matin endolori, après une longue veillée de larmes.
Je ne suis pas à l'aise avec cette vérité de moi-même.

L'enfer, je sais.
Le corps et l'âme déchirés.
La brulûre vive et interminable qui étreint, pétrit, broie, décompose.
La lame aiguë de la douleur qui vient lacérer les chairs.
L'infini du temps dans la stridence de l'atroce.
Et la solitude. La noire solitude.
Rien, ni personne ne peut être là.
Même la mort ne peut en finir avec ça.
L'accalmie n'est que le prémice d'un autre gouffre.
Alors la rage. L'envie d'agripper l'autre pour l'entraîner dans les bas-fonds de la violence infligée.

Se battre. Se battre pour en sortir. Se battre depuis toujours.
Moi, la battue d'avance, me battre et encore me battre.
Jusqu'à l'épuisement.
Et l'appeler cet épuisement.
Pour qu'enfin ça cesse. Et l'enfer. Et toutes ces forces déployées inutiles et vaines.
Appeler l'épuisement et s'y effondrer.
Dans la dépression.
Dans l'hémorragie.
Et dans l'effondrement, laisser venir ce qui doit advenir.

Et maintenant, assise au seuil, perdre à tout jamais la bataille.
Tarir les blessures.
Ne rien oublier, mais permettre l'apaisement. Consentir enfin à vivre.
Puis me lever.
M'avancer nue.
Nue et debout.
Venir poser mes joues au creux de tes mains ouvertes.
Et trouver enfin le repos.
Dans l'aurore d'un jour naissant, m'offrir à toi dans l'extrême de ma fragilité.

Confiante.

Alix

6 janvier 2006

Vers le plus simple

4 ans de mariage se condensent là.
C'était en 2001. Nous venions de nous marier.
J'ai attrapé la bouteille de rhum et j'ai bu au goulot.
Pour noyer le mensonge et la trahison.
Pour dormir, m'abrutir, m'assommer, me diluer.
L'ivresse est venue très vite.
Alors, j'ai hurlé : je vais te faire souffrir autant que j'ai souffert. Comme une litanie interminable.

Je n'ai jamais cherché à mettre ma menace à exécution. Et pour être tout à fait honnête moins par bonté que par manque d'intérêt pour la chose, par manque de force et d'opiniatreté.

Je regarde les cartons entassés ici. Je pars à Paul tout à l'heure.
Je ne peux que constater la lourdeur et l'encombrement de mes bagages.
Et l'envie me vient de m'alléger pour pouvoir déguerpir et me sauver plus facilement, plus rapidement.

Aller vers le plus simple et ne plus supporter l'insupportable.

Alix

5 janvier 2006

L'élan vers demain...

Après-demain, je déménage.
Je quitte cet appartement bruyant et sans âme pour aller habiter une maison au centre d'un petit village sympa.
Aujourd'hui, je remplis les cartons ici.
Et demain, je pars à Paul rassembler mes dernières affaires restées encore là-bas.
Je déménage et je me sens lourde, sans allant.
Tous ces cartons à remplir, tous ces meubles à bouger alors que je vais vers nulle part. Le désir de vivre est si ténu...
Demain, je retourne à Paul. Dans la lourdeur de Paul. Chaque retour est un peu plus accablant. Chaque départ un peu plus terni de grisaille. Je voudrais que demain soit le dernier départ. Je voudrais avoir demain la force de rassembler toutes mes affaires. Pour ne rien laisser derrière moi. Je voudrais cette force et elle me manque.

L'élan vers demain s'est absenté.

Alix

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